L'urbanisme

La nécessaire prise en compte du vieillissement de la population dans les documents d’urbanisme

Par Pierre-Marie CHAPON, chargé de recherche ICADE,
Intervenant universités Lyon 3 et Paris 12

La question du vieillissement de la population n’est pratiquement pas évoquée dans les documents d’urbanisme. Lors du diagnostic général du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD), les Plans locaux d’urbanisme (PLU) n’abordent que brièvement la question. Ainsi, elle n’est pas correctement traitée dans les faits.
Le constat est aussi sévère pour les Schémas de cohérence territoriale (SCOT) et les Plans des déplacements urbains (PDU) qui agrègent souvent personnes âgées et personnes à mobilité réduite.

La qualité de l’environnement étant aussi importante que le logement lui-même, il est nécessaire d’intégrer l’ensemble des problématiques : habitat, transports, commerces, activités et tissu associatif. La réalisation d’EHPAD, de logement foyer ou de logements adaptés n’a pas de pertinence dans tous les territoires. A titre d’exemple, pour le compte du CCAS de Rillieux la Pape (69), l’étude typologique des lieux de résidence des personnes âgées nous a permis d’identifier les quartiers qui seront les plus touchés par le vieillissement de leur population et les caractéristiques environnementales (transports, services, soins) de chacun.

Nos préconisations ont été les suivantes :
- créer un « pôle gérontologique » au cœur de la ville nouvelle, dans un quartier très bien desservi par les transports en commun et comprenant de nombreux services, commerces et familles -afin favoriser les relations intergénérationnelles-. Ce pôle pourrait comprendre à la fois de l’hébergement médicalisé (EHPAD) et des logements adaptés dans le but de développer dans le même lieu un « parcours de vie » pour les personnes âgées fragiles.
- renforcer les « centralités secondaires » (les anciens centres de villages) en favorisant l’implantation de médecins et commerces de proximité
- développer des solutions de  transport entre les différents quartiers et les  relier au « pôle gérontologique »
- créer des « centres itinérants » à l’image des commerces itinérants que l’on trouve dans le monde rural, au cœur des lotissements qui seront -selon notre étude- particulièrement touchés par le vieillissement des résidents.

Chaque commune devrait s’interroger en fonction de ses propres caractéristiques environnementales et sociales. Pour faire face au défi du vieillissement de la population, les élus doivent prendre la mesure de l’importance de l’aménagement.
Heureusement, les agences d’urbanisme se saisissent de la question et développent des programmes d’information et de sensibilisation. A Nancy, un colloque a été organisé en novembre 2007 par la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme (FNAU) sur le thème : « Quelle ville pour les seniors ?». Un guide a été co-publié avec la Fondation de France (1) 
 Espérons que l’ensemble de ces  recommandations permettront aux élus de privilégier un aménagement durable et solidaire plutôt que des villages seniors isolés du reste du village comme c’est parfois le cas aujourd’hui….


(1) « Seniors, quelle intégration dans les documents de planification urbaine » Fondation de France/Fédération nationale des agences d’urbanisme, novembre 2007 http://www.fnau.org

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